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Le Monde : ''Les trois choix d'une bonne réforme de la procédure pénale''
Le Monde - 19 mars 2010
"Les trois choix d'une bonne réforme de la procédure pénale"
par Philippe Gosselin, François Pillet et François Zocchetto
On dit parfois, dans le pays de Descartes, que tout commence par un discours sur la méthode. A l’heure où s’ouvre la concertation sur la réforme de la procédure pénale, nous voudrions expliquer la méthode retenue pour l’élaboration de l’avant-projet de réforme. Celle-ci repose sur un triple choix.
Le choix d’une approche globale de la réforme de la procédure pénale. Trop de réformes ponctuelles ont fini par avoir raison de la cohérence et de la lisibilité du code de procédure pénale. Le Gouvernement a donc entrepris une réécriture d’ensemble du code autour d’une exigence et d’un principe : exigence de clarification, principe d’une protection renforcée des droits et libertés. Elle vise, bien au-delà du seul remplacement du juge d’instruction par le juge de l’enquête et des libertés, de nouveaux équilibres, de nouvelles règles, de nouveaux dispositifs assurant l’impartialité de l’enquête et l’égalité des armes au cours du procès pénal.
Deuxième choix, celui du travail collectif, de la confrontation des points de vue. Nous avons participé au groupe de travail réuni autour du Garde des Sceaux, pour examiner, discuter, réécrire, semaine après semaine, article par article, l’avant-projet de réforme. Sans doute aurait-il été plus facile de confier ce travail à la seule administration du ministère de la Justice ; mais quoi de plus enrichissant, quoi de plus démocratique que l’épreuve de la diversité ? Diversité des compétences, puisque participaient à ce groupe des élus, des universitaires, des magistrats, des avocats. Diversité des sensibilités, car les parlementaires appartenaient à plusieurs tendances politiques. Ces débats parfois vifs, mais toujours constructifs et fructueux, avaient pour enjeux la recherche d’un texte équilibré, novateur, profondément respectueux des droits et libertés.
Troisième choix, celui de la transparence. Le temps de la concertation sera celui du débat public, des échanges, des améliorations de l’avant-projet. Rien n’a été fait dans le secret ou la dissimulation. Le texte a été transmis aux syndicats de magistrats, associations de victimes, représentants des différentes professions du droit, qui ont été ou seront reçus à la Chancellerie pour travailler à son amélioration. Pour tous les citoyens, le texte est disponible sur le site Internet du ministère de la Justice.
Aujourd’hui, des critiques sont formulées ; les unes sont de bonne foi, les autres expriment des craintes ou des préjugés. C’est la règle du jeu. Nul doute, pour autant, que le texte en sortira enrichi par l’apport du plus grand nombre.
Ne perdons pas de vue l’essentiel. Cette réforme doit continuer de faire l’objet d’un travail approfondi, respectueux du débat démocratique dans la phase de concertation, comme ce fut le cas lors de son élaboration. Ne gâchons pas cette occasion unique de débattre sur la justice pénale. Ne nous égarons pas dans les invectives ou les procès d’intentions ; gardons l’œil rivé sur les droits et libertés, l’équité des procédures, l’intérêt du justiciable. Nous pourrons alors, face au tribunal de l’histoire, nous flatter d’avoir fait œuvre utile.
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