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"Manif pour tous, deux stratégies à l'UMP" - Libération




«Manif pour tous», deux stratégies à l'UMP

7 janvier 2013 à 17:05

 

A Paris, lors de la première «manif pour tous», le 17 novembre. 

 

INTERVIEW Le député Philippe Gosselin ira défiler dimanche contre le mariage pour tous, son collègue Dominique Bussereau ne préfère pas. Ils s'expliquent.

 

Recueilli par LAURE EQUY

 

Jean-François Copé et le patron des députés UMP, Christian Jacob ? Iront. Le député-maire de Nice, Christian Estrosi ? N’ira pas. Unanimes pour dénoncer la lettre de Vincent Peillon aux écoles privées et accuser le gouvernement de relancer «la guerre scolaire», les élus de droite sont partagés sur l’opportunité d’aller en personne grossir le cortège, dimanche à Paris, du collectif «La Manif pour tous», contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. Interviews parallèles de Dominique Bussereau et de Philippe Gosselin.

 

Bussereau : «Les partis n’ont pas à appeler à manifester»

Le député (UMP) de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, a annoncé sur Twitter qu’il ne défilerait pas.

 

Pourquoi n’irez-vous pas manifester dimanche ?

 

J’estime qu’en tant que parlementaire, j’ai la possibilité de m’exprimer à l’Assemblée, au sein de la commission des Lois ou dans l’hémicycle. En 1984, j’avais participé à la manifestation [pour l’école libre, ndlr] mais j’étais conseiller général, pas encore député. Et les partis n’ont pas à appeler à manifester. Ils peuvent indiquer une position en faveur d’une manifestation mais doivent faire très attention à la manière de s’y associer. Je me méfie des récupérations.

 

Pourtant, certains de vos collègues ont dit leur intention de défiler, dont Jean-François Copé, le président de l’UMP...

Je ne porte pas de jugement négatif sur mes collègues qui s’ y rendront, chacun peut défiler comme citoyen. Si on est de droite, on est contre les mots d’ordre et sur les sujets sociétaux, nous ne donnons pas de consigne partisane.

 

Beaucoup, à droite, se plaignaient de ne pas avoir obtenu un débat plus large sur le sujet. La rue n’est-elle pas un moyen de vous faire entendre ?

Bien sûr qu’il aurait fallu un vrai débat dans le pays. Par contre, je ne suis pas favorable à la proposition de Laurent Wauquiez [qui compte déposer une motion référendaire dès la rentrée parlementaire, ndlr]: on répond rarement à la question qui est posée, le référendum ne me semble pas la bonne solution.

Sur la forme, le gouvernement commet une erreur de timing. Dans un contexte économique et social très grave, son projet de loi apparaît comme une diversion, une fuite en avant, ce n’est pas le meilleur service à rendre à la cause qu’il défend.

 

Ne craignez-vous pas aussi que les manifestants opposés au texte apparaissent ringardisés, comme en 1999, lors de la loi sur le Pacs ?

Je garde un mauvais souvenir du débat sur le Pacs à l’Assemblée, qui avait tourné à l’affrontement plutôt qu’à la recherche d’un consensus. Et puis, nous nous sommes aperçus que le Pacs répondait à des attentes. Il faut éviter une opposition trop frontale mais la question n’est pas celle de la ringardisation. Pour moi, le texte représente une déviation de la notion de mariage. Je suis plutôt favorable à la proposition formulée par Nathalie Kosciusko-Morizet et Axel Poniatowski [que les deux députés UMP présenteront en détail mercredi, ndlr], pour un contrat d’union civile et l’amélioration du contenu du Pacs. Cela permet notamment d’éviter la confusion entre union et mariage.

 

Gosselin : «Toute la société doit pouvoir s’exprimer»

En pointe contre le projet de loi sur le «mariage pour tous», Philippe Gosselin (photo DR), député (UMP) de la Manche, est porte-parole de l’Entente parlementaire pour la famille qui regroupe une centaine de parlementaires de droite et du centre opposés au texte.

 

Pourquoi participerez-vous à la manifestation ?

Tous les moyens pacifiques sont bons. Le débat parlementaire en est un mais il nous semble insuffisant. Je me dois de joindre le geste à la parole, d’accompagner sur le terrain.

 

Dans votre camp, certains jugent que ce ne sont pas aux partis ou aux parlementaires de descendre dans la rue ?

Le Parlement a, bien sûr, une légitimité mais le large débat public que demandaient les députés UMP, sous la forme d’une commission spéciale à l'Assemblée, a été refusé. Et il s’agit d’une question de société, toute la société dans sa diversité doit donc pouvoir s’exprimer. Je ne souhaite pas que ce soit la manifestation de l’UMP. Nous ne défilerons pas sous une banderole UMP, les élus se rassembleront avec leur écharpe tricolore.

 

Mais ne regrettez-vous pas que la droite ne présente pas un front uni contre le texte dimanche ?

Ce n’est pas gênant, on a une liberté de ton sur le sujet et cela montre que l’on n’a pas de mot d’ordre. Une partie de mes collègues n’a pas pensé, en septembre-octobre, que cela deviendrait un gros sujet. Certains ont eu tellement peur de s’afficher contre - et potentiellement «ringardisables» - qu’ils ont beaucoup hésité à nous rejoindre. Mais vient qui veut, cela me va très bien.

 

Et vous, ne redoutez-vous pas d’apparaître «ringards» ? D’être associé à certains dérapages ?

Nous enfermer dans l’image d’homophobes, nous faire des procès d’intention, c’est la stratégie du gouvernement. Il pensait que le texte passerait sans problème que seule une poignée de cathos tradis y serait hostile. Or c’est plus compliqué. Les conditions sont très différentes de 1998-1999. Dimanche, l’ambiance sera sympa, bon enfant, il y aura des jeunes, des catholiques mais pas seulement.

 

Pensez-vous que la polémique autour de la lettre de Vincent Peillon va aider à mobiliser contre le gouvernement ?

Oui, depuis qu'elle est est sortie, on m’appelle pour savoir comment venir dimanche. Entre la lettre maladroite du ministre de l’Education et Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, qui en visite dans une école publique, est allée mettre en avant le mariage homosexuel, les gens ont le sentiment d’un deux poids-deux mesures.


Pour voir l'article sur le site, cliquez sur ce lien : 
http://www.liberation.fr/politiques/2013/01/07/manif-pour-tous-deux-strategies-a-l-ump_872184

 

Succès de la réunion à Saint-Lô sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe !

 


 

Hier soir, à Saint-Lô, près de 300 personnes ont répondu à l'invitation de Philippe Gosselin et Philippe Bas qui proposait de discuter du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. Les participants ont unanimement souligné le sérieux et la sérénité du débat qui a été de très bonne qualité. La démocratie, c'est aussi ça : pouvoir parler de tout, échanger des points de vue dans le cadre d'un échange respectueux de chacun et constructif.
 

 

 





 

 

Interview dans le JDD : ''La manifestation de dimanche peut faire évoluer les débats''


"La manifestation de dimanche peut faire évoluer les débats"

INTERVIEW – A une semaine de la manifestation contre le mariage pour tous, Philippe Gosselin, député UMP de la Manche, se prononce, comme Laurent Wauquiez, pour un référendum sur le sujet. "Ce sujet doit dépasser le cadre du Parlement, toute la société doit s'en emparer", explique-t-il au JDD.fr.


Pourquoi proposez-vous au gouvernement un référendum sur le mariage pour tous?

Nous avions déjà demandé l'organisation d'états généraux ou la création d'une commission spéciale à l'Assemblée nationale. Cela nous a été refusé. Il ne reste plus que la solution de référendum, réactivée dimanche soir par Laurent Wauquiez avec sa proposition de motion référendaire. Ce sujet doit dépasser le cadre du Parlement. Toute la société doit s'en emparer.
 

Le débat ne peut-il plus se faire au sein des hémicycles parlementaires?

Le Parlement prime évidement, car c'est le lieu privilégié du vote de la Loi. Mais les enjeux du mariage pour tous dépassent le cadre habituel du législateur. Erwann Binet, le rapporteur socialiste du projet de loi à l'Assemblée nationale, l'a reconnu : on est sur "un changement de paradigme". De son côté, la Garde des Sceaux Christiane Taubira a parlé d'un "changement de civilisation".

«Peillon ne va réussir qu'une seule chose : mobiliser davantage pour dimanche.»

 

Depuis quelques semaines, l'UMP et le PS s'opposent vivement sur le mariage pour tous. Pourtant, les sujets de société dépassent le clivage droite-gauche. Y a-t-il un risque d'instrumentalisation politique?
Le débat est en train de se raidir officiellement. UMP et PS rameutent leurs troupes chacun de leur côté pour critiquer ou défendre le projet du gouvernement. Mais, sur le terrain, il n'y a pas de clivage. Il n'y a pas que des élus ou sympathisants UMP qui s'opposent au projet. Au contraire, certains membres de notre parti sont pour. Il ne faut pas tomber dans la caricature.

 

Que pensez-vous de la réaction de Vincent Peillon, le ministre de l'Education nationale, à la lettre d'Eric de Labarre, secrétaire général de l'enseignement catholique ?

Avant tout, la lettre d'Eric de Labarre était maladroite, au vu du contexte. Mais il n'appelait pas à organiser dans chaque classe un débat sur le mariage pour tous. L'intervention de Vincent Peillon est totalement disproportionnée. C'est un peu deux poids, deux mesures. D'un côté, le ministre de l'Education ne dit rien à Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, qui a promu en octobre dernier le mariage pour tous, certes dans le cadre d'un débat contre l'homophobie. De l'autre côté, on qualifie d'"homophobe" une proposition de débat au sein des établissements scolaires privés. Vincent Peillon ne va réussir qu'une seule chose : mobiliser davantage pour dimanche prochain, date de la grande manifestation contre le projet de loi.

 

L'école doit-elle être "neutre", comme l'a rappelé Vincent Peillon lundi matin sur RTL? 

Nous sommes dans un Etat laïc qui revendique la neutralité. Mais l'Education au sens large, c'est aussi l'éveil des consciences à des questions de société. Cela ne me choque pas que, dans l'enseignement public ou privé, on puisse discuter de certains sujets. Aujourd'hui, les élèves de collège et lycée débattent bien du racisme - et c'est une bonne chose. Je ne vois donc pas pourquoi le mariage homosexuel serait un sujet tabou.

 

«La PMA, une dérive de société.»

 

Notre société est-elle, selon vous, prête à accepter le mariage homosexuel?

Je ne sais pas s'il est trop tôt ou trop tard. Mais le projet de loi du gouvernement n'est pas la bonne réponse à des interrogations légitimes. Le mariage est un contrat qui certes reconnaît l'amour, mais reste aussi une institution. En revanche, se poser la question de son conjoint en cas de décès ou de séparation est tout à fait légitime. Un autre type de contrat, l'union civile par exemple, aurait parfaitement pu répondre à ces demandes.
 

Et l'adoption? 

Sur la filiation, je suis en opposition très ferme. Et notamment sur la procréation médicalement assistée (PMA). Cette dernière ne peut qu'entraîner la légalisation des mères porteuses. Ce serait une dérive de société, car on opposerait le "droit de l'enfant" au "droit à l'enfant". Par ailleurs, l'idée de mère porteuse renvoie à une forme de marchandisation du corps humain.
 

La PMA n'est toutefois qu'un amendement des députés socialistes qui pourrait être retiré
La ficelle est un peu grosse. On voit bien qu'il y a une répartition des rôles entre gouvernement et majorité. Le premier joue la sagesse : "Nous ne voulons que le mariage et l'adoption, mais ce sont les députés socialistes qui veulent imposer la PMA." Dans une semaine, l'exécutif va retirer l'amendement PMA pour montrer qu'il sait lâcher du lest. Mais, tout d'abord, il restera un amendement que comptent déposer les écologistes à l'Assemblée nationale. Et de toute façon, la PMA sera sans doute intégrée à un texte présenté sur la famille au mois de mars. Ça part par la fenêtre, ça rentre par la porte.

 

Allez-vous défiler dimanche?

Je défilerai, avec mon écharpe de député.

 

«La classe politique est prête à créer un contrat de type union civile.»

 

Cette manifestation peut-elle faire bouger l'exécutif? 

Tout est possible, même si je ne m'attends pas à  un retrait de ce projet. Ce serait une reculade incroyable. Mais cela peut faire évoluer les débats. Le 17 novembre dernier, les opposants au mariage homosexuel se sont réunis dans la rue. On peut contester les chiffres, mais on peut considérer qu'il y avait entre 150 et 200.000 personnes ce jour-là. Résultat : François Hollande, quelques jours plus tard au congrès des maires, a évoqué la liberté de conscience des élus, même s'il a été repris en main très rapidement par les associations.

 

Les associations homosexuelles ont-elles eu, selon vous, trop de poids dans la conception du projet de loi?

Je ne parlerai pas, par précaution, de lobby. Mais je constate que des petits groupes ont su bien s'organiser pour faire remonter leurs revendications. Ceci dit, nous ne sommes plus en 1998-1999, au moment de l'affaire du Pacs. La question homosexuelle ne se pose plus aujourd'hui. Les opposants au mariage homosexuel ne brandissent pas la Bible en rejetant les relations entre deux hommes ou deux femmes. C'est plus compliqué que ça. Certes, cela créé des crispations sociales, mais on ne débat pas sur la question de la sexualité. La classe politique est prête, et sans traîner les pieds, à créer un contrat de type union civile. Mais une grande partie refuse de toucher à l'institution du mariage.

 

  

Gaël Vaillant - leJDD.fr

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